Au Québec, les statistiques
disent qu’il y a cinq demandes pour une place; je m’estime donc très chanceuse
d’avoir pu être suivie par une sage-femme pendant ma grossesse, un suivi qui me
paraissait plus humain, plus doux, plus naturel, plus respectueux. Mon
expérience a confirmé tout cela.
Je ne suis bien sûr pas en mesure
de comparer personnellement ce suivi avec un suivi médical classique, mais
voici pourquoi j’ai fait ce choix et comment s’est déroulé ma grossesse avec ma
sage-femme (Amaili, du CSSS Jeanne Mance) :
- Il s’agit d’un suivi que l'on
choisit volontairement, après avoir assisté à une réunion d'information et donc
décidé si c'est ce qui nous convient le mieux ou non.
Si la sage-femme qui nous est “assignée”
ne nous convient pas pour diverses raisons, on peut aussi demander à être
suivie par quelqu’un d’autre.
À noter qu’elles fonctionnent en
binôme, et juste au cas où la seconde sage-femme serait de garde le jour J, on
la rencontre toujours avant l’accouchement.
- Si un "problème"
survient à n'importe quel stade de la grossesse, on vous transférera vers un
suivi par un médecin, par exemple en cas de diabète, d'hypertension ou de
grossesse multiple.
- Normalement quand on est suivie
par une sage-femme, on accouche chez soi ou à la maison de naissance où elle
exerce. Le CSSS Jeanne Mance n’ayant pas encore de chambre de naissance,
j’avais le choix entre accoucher chez moi ou à l'hôpital St Luc, où 2 chambres
sont réservées en permanence. J’ai choisi l’hôpital.
- Le suivi lui-même consiste en
un rendez-vous d'une heure avec sa sage-femme attitrée, au début toutes les 6
semaines puis de manière de plus en plus rapprochée au fur et à mesure que la
grossesse avance. Rendue à 37 semaines, on se voit une fois par semaine.
Ces rendez-vous permettent
d'établir un vrai contact avec cette personne, toujours la même donc, à qui
vous pouvez poser toutes vos questions, avec qui vous pouvez discuter de tous
les aspects de la grossesse (physiques et psychologiques), de l'accouchement,
de l'accueil du bébé, etc.
Elle procède aussi à chaque fois
à un examen clinique (prise de tension, écoute du cœur du bébé, etc.) mais il
n'y a pas d'examen gynécologique systématique, seulement un contrôle effectué
vers 4 ou 5 mois de grossesse, et d'autres seulement en cas de problème ou
signes d'une naissance prématurée éventuelle.
- En dehors des rendez-vous, il y
a un système de garde, ainsi il y a toujours une sage-femme de l'équipe
disponible, quel que soit le jour et l’heure. On peut l'appeler en cas
d'urgence bien sûr, mais aussi pour une douleur ou une inquiétude... C’est
drôlement plus rassurant et efficace que le 911!
- Le principe des sages-femmes
est de faire confiance aux mères pour savoir quoi faire. Ainsi, les réunions prénatales
consistent davantage en une discussion plutôt qu’en un "mode
d'emploi" ferme et définitif. D'ailleurs, personne n'est obligé d'assister
à ces réunions, on fait comme on veut : il y en a 4 en tout et on peut tout
aussi bien aller à aucune d’entre elles ou juste à celles qu'on veut!
- On a de toutes façons le choix
pour à peu près tout : dépistages divers, échographies, rien n'est imposé (sauf
s'il faut s'assurer de quelque chose évidemment); notre sage-femme nous
explique à chaque fois qu'à ce stade de la grossesse, c'est le moment de faire
ceci ou cela, on en discute et on décide si on le fait ou non. Pour les examens
qu'elle ne peut pas faire elle-même, elle écrit les prescriptions.
- Si tout se passe bien lors de
l'accouchement, on ne voit même pas le personnel de l'hôpital, seulement la
sage-femme, ainsi qu'une seconde qui vient l'aider (en fait il y en a une pour
le bébé et une pour la maman), puis une aide-natale qui vient aider aux
premiers soins du bébé, à démarrer l'allaitement, à rassembler nos affaires
pour rentrer à la maison, à bien installer bébé dans le siège auto, etc.
En cas de problème au moment de
l'accouchement, l'équipe médicale de l'hôpital prend bien entendu le relais des
sages-femmes (c'est pourquoi j’ai personnellement trouvé plus rassurant
d'accoucher à l'hôpital, en cas de problème, on gagne le temps du transport).
- Pour l'accouchement tout est
orienté vers "le plus naturel" possible, c'est-à-dire avec le moins
d'interventions : pas d’épidurale, pas d'épisiotomie, pas de forceps ou
ventouse, évitement de la césarienne autant que possible (à 34 semaines la
sage-femme vérifie que le bébé est bien la tête en bas et si ce n'est pas le
cas, ou s'il se retourne à nouveau, il y a des exercices à faire pour qu'il se
mette dans la bonne position).
Dans la même optique, et toujours
sous condition que tout se passe bien, on pratique le peau à peau immédiatement
: le bébé est mis sur la poitrine de la maman dès sa naissance, sous des
couvertures pour le réchauffer, et on attend un peu avant de couper le cordon.
La sage-femme procède ensuite au
test d'Apgar et autres vérifications d'usage puis la première mise au sein (si
on a décidé d'allaiter, là encore c'est nous qui choisissons) se fait dans la
première heure de vie du bébé.
- Après l'accouchement à
l'hôpital, on a 12 heures pour rentrer à la maison, ce qui semble rapide mais
finalement si tout le monde va bien, c’est bien agréable de quitter l'hôpital
pour être tranquillement chez nous.
- Dernier point très avantageux
du suivi par sage-femme : maman et bébé bénéficient d'un suivi post-partum de 6
semaines.
La sage-femme vient ainsi nous
visiter à la maison le jour même ou le lendemain de la naissance puis encore au
3e et au 5e jour. Ensuite nous allons la voir une fois par semaine jusqu'à ce
que le bébé ait 6 semaines. Cela permet de vérifier que tout se passe bien pour
les deux au niveau physique et psychologique, et d'aider éventuellement à
l'allaitement, aux soins etc. si on est paniqués. Là encore, pendant ces 6
semaines on peut l'appeler 24h/24, 7 jours/7.
Pour plus d’informations et la
liste des maisons de naissance au Québec, vous pouvez consulter le site de
l’Ordre des sages-femmes du Québec : http://www.osfq.org/
Marlène Weil-Masson
Au Québec, les femmes ont accès gratuitement à des
services de sage-femme depuis 1999.
Aujourd’hui au Québec, 25% des femmes désirent
accoucher en dehors du milieu hospitalier. Seulement 2% d’entre elles seront
suivies par des sages-femmes.