4 juin 2011

Numéro 2 - Devenir Maman : oui, mais de son enfant

On fait souvent la distinction entre les femmes qui ont ou simplement veulent des enfants, et celles qui n’en veulent pas (souvent reléguées à un «rang» inférieur de la condition féminine d’ailleurs - mais ceci est un autre problème). Et on imagine généralement que celles appartenant à la première catégorie adorent les enfants, tous les enfants. La gente masculine en particulier, semble persuadée que la moindre fille est folle des bébés et va vouloir en faire un dès le deuxième rendez-vous.
Pourtant, bon nombre de femmes se trouve dans un entre-deux dont on ne parle curieusement jamais, et qui n’a absolument rien de honteux : on peut très bien vouloir un enfant sans s’intéresser aux enfants en général, ni s’extasier sur les photos d’Anne Geddes. Et avoir son propre enfant ne permet même pas de mieux supporter les bruits des enfants des autres ! Au mieux sera-t-on peut-être un poil plus compatissant... ou au contraire carrément plus critique envers ces parents manifestement incapables !
 
Beaucoup de femmes jouent ainsi la carte du politiquement correct et font mine de tomber en pâmoison devant les photos du rejeton de leur collègue par exemple, à grands renforts d’expressions toutes faites précédées des «oooh» obligatoires. Tout en pensant au mieux qu’elles s’en fichent complètement, au pire, qu’elles n’ont jamais vu un bébé aussi laid (voici un autre tabou qui mériterait de disparaître : non, tous les bébés ne sont pas beaux!).
C’est le même topo en face-à-face : si l’on se retrouve à côté d’une maman et son bébé lors d’un voyage en avion ou dans une salle d’attente, on se sent obligé de faire des «gazou-gazou» au bébé et de poser les questions habituelles à sa mère (quel âge, quel est son nom, etc.) mais avouons-le, nous sommes autant, voire plus embarrassés, face à un enfant inconnu que face à un adulte inconnu - au moins à l’adulte, on peut toujours lui parler de la pluie et du beau temps !
 
Évidemment, quand c’est à notre tour de tenir la chair de notre chair dans nos bras, ce petit bout de chou est le plus beau et le plus merveilleux du monde, et on s’empresse d’inonder Facebook de photos dès que ses cheveux ont poussé d’un millimètre. Mais admettons-le, il est inutile de croire - et de faire croire - que notre fibre maternelle s’étend aux enfants qui ne sont pas les nôtres!

Marlène Weil-Masson

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