28 nov. 2011

Numéro 5 - Trop de cadeaux…

J’aime le temps des fêtes. J’adore toutes les traditions qu’il implique, les souvenirs d’enfance qu’il réveille, ces petits relents de magie et de bonheur. Mais si je reconnais que le plaisir de donner et de recevoir est intimement lié à
la joie du temps des fêtes, je pense tout de même qu’au-delà d’une certaine limite, ce plaisir perd de sa fraîcheur et peut jouer contre l’intérêt de l’enfant.
Comme tous les parents, j’adore faire plaisir à mes enfants, notamment en leur faisant des petits cadeaux à l’occasion, et évidemment à Noël. Toutefois, depuis la naissance de mes enfants, j’ai passé plus d’un Noël sans offrir de cadeau. Pourquoi ? Ce n’était tout simplement pas un service à leur rendre, vu la quantité absolument incroyable de cadeaux qu’ils avaient déjà reçue de la part des proches.
Mes enfants ont l’extrême privilège de grandir dans un environnement familial très riche. Mon conjoint et moi-même entretenons des liens très étroits avec nos familles élargies, et avec quelques bons amis. Une bonne quinzaine de personnes ont envie de jouer un rôle spécial auprès de nos enfants. Si chacune d’entre elles, animée de la meilleure des intentions, décide d’offrir un, deux ou trois cadeaux à chacun de nos enfants, cela donne une quantité hallucinante
de cadeaux, faites le calcul! Or, on se doute bien que dans cette situation, chaque cadeau ne peut pas être spécial.
Outre le manque d’espace pour les loger et le gaspillage de temps et d’argent pour ceux qui les ont offerts, on s’interroge à savoir si, au final, cette surabondance de cadeaux n’est pas nocive pour les enfants. On tombe alors dans des modèles peu désirables : enfants blasés devant leurs cadeaux, croyant que tout ça leur est dû, refusant de prendre le temps de remercier, laissant de côté la grande majorité de ce qu’on leur donne. Et pourtant, comment leur en vouloir ? Leur a-t-on seulement laissé le temps de désirer ces objets, d’y rêver ? Ne sommes-nous pas responsables de la situation ? Comment peut-on renverser la vapeur et trouver le moyen de faire comprendre à nos chérubins la valeur de ce qui leur est offert ? Peut-on convaincre les proches de se limiter, sans pour autant les blesser dans leur désir de faire plaisir et de témoigner de leur amour à nos petits cocos ?

Voici six propositions recueillies pour vous :

  1. Demander aux proches de se restreindre à un seul cadeau, à un budget ou à un volume précis. On peut faire valoir que plusieurs personnes offrent des  cadeaux à l’enfant. Ainsi, pour que chaque cadeau soit apprécié à sa juste  valeur, chacun doit se limiter à l’idée qui lui semble la plus spéciale pour l’enfant.
  2. Demander aux proches de conserver les cadeaux excédentaires chez eux. Lorsqu’ils feront face au défi de les loger et qu’ils verront à quel point chaque jouet sert peu souvent, parions qu’ils diminueront progressivement les achats.
  3. Attendre une visite ultérieure du proche pour que l’enfant l’ouvre avec lui. Une maman-collaboratrice du journal m’a confié que son enfant recevait tellement de cadeaux à Noël qu’il se désintéressait immédiatement de la plupart. Pour parer à la situation, elle a décidé de ne donner que deux ou trois cadeaux à Noël. Le reste est rangé dans un placard et n’est ressorti qu’au gré des visites de ceux qui les ont offerts. Ainsi, ouvert séparément, chaque cadeau demeure spécial et est plus clairement lié dans l’esprit de son enfant au proche qui le lui a offert.
  4. Ouvrir un compte pour l’enfant et proposer aux proches d’y contribuer. Plusieurs proches désirent offrir un cadeau à l’enfant mais ne savent pas quoi offrir. Pour eux, comme pour plusieurs d’entre nous, le magasinage des fêtes est une corvée. La solution ? Ouvrir un compte au nom de l’enfant et leur proposer de lui faire un chèque. L’argent pourra alors servir quand l’enfant voudra vraiment s’offrir quelque chose de significatif comme un vélo, une  activité parascolaire ou au besoin, pour contribuer à ses frais de scolarité.
  5. Demander aux proches d’offrir du temps à l’enfant. Il peut s’agir d’une simple promenade au parc, d’un après-midi au cinéma ou au théâtre. Ils peuvent aussi décider d’acheter un objet utilitaire à l’enfant (vêtements, souliers, etc) qu’ils iront choisir ensemble.
  6. Dresser avec l’enfant la liste des gens qui lui font normalement un cadeau dans le temps des fêtes et préparer un petit quelque chose pour chacun d’entre eux : biscuits, cartes, bricolages, etc. L’enfant réalisera alors la valeur du cadeau, l’amour dissimulé dans le geste, les sacrifices qu’il requiert aussi. Ainsi, il appréciera peut-être les cadeaux qui lui sont offerts lors de l’échange. Il découvrira aussi le plaisir de donner et son attention ne sera plus uniquement focalisée sur celui de recevoir.

Quelles que soient les solutions retenues, il est important de faire comprendre  à l’enfant que le temps des fêtes représente avant tout l’occasion de partager  de beaux moments, de se retrouver en famille et de prendre le temps de jouer, de discuter, etc. Il faut lui faire prendre conscience que le temps consacré à magasiner des cadeaux (dont il se soucie plus ou moins) est du temps que l’on
ne pourra pas consacrer à faire avec lui ce fameux bonhomme de neige, ou à aller patiner… 

Catherine Durand

  • Noël en chiffres
112 millions $ — La valeur des importations de poupées au Canada en 2006. Près de 90 % provenaient de la Chine. L’Indonésie et les États-Unis contribuaient aussi de façon importante à ces importations.
38 millions $ — La valeur des importations de jouets à roues pour enfants au Canada en 2006. La Chine a fourni plus de la moitié de ces importations. Les États- Unis et le Mexique étaient les deux autres sources en importance de ces jouets.
(Selon Statistique Canada, « Noël en chiffres »)

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