8 sept. 2011

Numéro 4 - Stimulation du langage

Raconte-moi une histoire...

On ne soulignera jamais assez l’importance de la lecture, la place de l’imaginaire et de l’image dans le développement d’un enfant. La première personne en mesure de lui faire découvrir les livres, le plaisir et l’étendue de l’univers qui vont avec, c’est vous, nous, parents. Il n’est jamais trop tard pour commencer à raconter des histoires à nos bouts de chou avant de les mettre au lit mais plus tôt vous le ferez, plus ils risquent d’y prendre goût et de vouloir plus tard découvrir ce monde merveilleux par eux-mêmes.

Comment choisir les bonnes histoires ?

Vous êtes bien entendu celui (ou celle) qui connaissez le mieux votre enfant, ses préférences, ses goûts du moment, ses peurs. A vous donc, d’adapter le degré de difficulté du livre que vous lui raconterez. Il est important de choisir un livre qui attirera le regard de l’enfant, qui lui semblera attrayant. On peut préférer un livre coloré, clair, plein de belles images. Veillez aussi à ce que le format du livre convienne à l’âge de l’enfant. Ainsi, si vous y tenez, ne confiez pas un livre en papier à votre fils de 10 mois! Tout d’abord, il pourrait se couper mais aussi littéralement massacrer l’ouvrage. Tous les enfants n’éprouvent pas ce « besoin » de déchirer, de manipuler de manière un peu véhémente les objets mais disons simplement que les livres « papier » ne sont pas à mettre entre toutes les mains et qu’il vaut mieux choisir un livre cartonné pour votre tout-petit. De même, pour ce public si particulier, les images devraient être simples, ne présenter que quelques éléments de sorte que l’enfant comprenne l’ensemble et reconnaisse ce qu’il voit. A partir de deux ans environ – chaque enfant étant néanmoins différent – l’enfant aura davantage l’œil aux détails, il sera capable de découvrir la petite souris cachée derrière l’arbre dans le coin de l’image.
Encore une fois, connaissant votre enfant, demandez-vous, selon le moment de la journée et de son développement, quel type de livre il aura envie de lire avec vous. S’il a une imagination débordante et passe son temps à parler, raconter, optez pour une histoire ou un conte (Le petit chaperon rouge, par exemple). En revanche, si, à 3 ou 4 ans, il vous demande sans cesse le pourquoi du comment et cherche à tout comprendre, ouvrez plutôt avec lui un ouvrage plus descriptif, plus pédagogique.
Quoi que vous choisissiez, il est indispensable – au risque de vous perdre et de perdre l’attention de l’enfant – de lire l’histoire AVANT de la raconter. En effet, on ne peut raconter correctement, donner vie à une histoire sans la connaître, la maîtriser.

Comment raconter une histoire ?

Il est donc très important de maîtriser son sujet. A la manière du jury lors d’un examen, votre p’tit bout ne laissera rien passer. Si vous vous contentez de lire l’histoire et que vous vous cantonnez aux mots écrits, votre récit deviendra très vite ennuyeux. Au contraire, si vous utilisez vos propres mots, vous donnerez vie aux aventures et pourrez adapter votre récit selon les réactions de l’enfant face à vous.
En lisant, vous ne verrez pas les émotions qui passeront sur le visage de votre enfant alors qu’en « racontant » vraiment, vous pourrez broder autour du récit, jouer sur les mots et partager les craintes et les surprises de votre enfant au fur et à mesure de l’histoire. Lorsqu’il semble inquiet quand le loup se glisse dans le lit à la place de la Mère-Grand, profitez-en pour demander à votre enfant ce qu’il ressent et pourquoi il a tendance à anticiper. A-t-il peur pour le Petit Chaperon Rouge ? Se demande-t-il si cette fois aussi le chasseur viendra sauver Mère-Grand et le Petit Chaperon Rouge ? Le fait de ne pas lire mais de raconter l’histoire dans vos propres termes permet également d’utiliser davantage les images, de vous en servir comme support et rendre le récit encore plus vivant.
Pour lui donner vie justement, il faut exploiter l’histoire afin de capter toute l’attention de l’enfant. Même si nous ne sommes pas tous des acteurs nés, nous sommes tous et toutes capables d’oublier notre inhibition, d’oublier un instant que nous sommes des adultes qui se doivent soi-disant de faire bonne figure. Nous pouvons – et devons – jouer l’histoire, s’y fondre afin d’en faire vivre les personnages. Il est donc important de faire des gestes, d’exagérer, d’appuyer sur les mots-clés (en parlant plus fort ou au contraire en chuchotant alors qu’on se rapproche de l’enfant comme pour lui dire un secret). On peut également changer de voix ou utiliser des marionnettes ou d’autres accessoires afin de donner une autre dimension au récit.
Enfin, lorsqu’on raconte une histoire, il est primordial de respecter le rythme de l’enfant, de ne pas aller trop vite (ou trop lentement). Evitez donc de vous lancer dans la lecture si vous attendez un coup de téléphone ou si vous devez partir 5 minutes plus tard. On ne peut pas vraiment prévoir combien de temps cela prendra, selon que l’enfant pose des questions, fait des digressions ou décide de sauter des pages.
Quoi qu’il en soit, les histoires sont bénéfiques au développement de l’enfant et lui permettent d’apprendre, de découvrir certains sentiments comme l’empathie ou la peur. A nous parents de les encourager, de prendre le temps de faire de ces séances de lecture un rendez-vous apprécié, attendu au quotidien et d’en profiter pour aborder avec notre enfant des sujets qui l’interpellent, le préoccupent au moment où il en a besoin. C’est une manière détournée de faire passer un message, de montre à l’enfant que nous le comprenons et prenons à cœur ses besoins et ses désirs.
N’attendez plus, filez à la bibliothèque, choisissez un ou plusieurs livres et lisez, racontez, imaginez, vivez toutes ces merveilleuses histoires qui n’attendent que ça !

Céline Richert

« La lecture, une porte ouverte sur un monde enchanté. »
François Mauriac, Nouveaux mémoires intérieurs, 1965

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